Histoire de Velaux
Période antique
CASTELLUM LE DEVEN
Castellum dit Le Deven ou "Défends de Meynes"
Observations du comte Henri de Gérin-Ricard
Ce retranchement qui occupe tout le plateau d'une colline détachée du massif de l'Arbois qui s'élève au nord et à l'ouest de la ferme de Meynes, mesure environ 400m de l'est à l'ouest et 200m du nord au sud. Sa forme est celle d'un hexagone irrégulier ; il surplombe l'Arc sur sa face nord par des a pics qui continuent à l'ouest et sur une partie du côté sud. A l'est et au sud-est un mur en pierres sèches qui n'a plus que 1m d'élévation sur 2m de base défend les pentes accessibles.
Avant d'atteindre son extrémité ouest un mur transversal suivant une direction nord-sud et appuyé à ses deux bouts sur des escarpements forme une deuxième enceinte au milieu de laquelle existe une excavation circulaire creusée de main d'homme dans le roc (20m de diamètre sur 4m de profondeur) entouré d'une ceinture de gros blocs. Achard pensait que ce devait être là une citerne. Nous inclinons à croire que c'était un silo pour les céréales car le fond et les bords de l'excavation ne sont pas étanches.
Le castellum de Meynes ne communique qu'avec ceux de Roquefavour et de Saint-Eutropie. Son rôle était donc plutôt celui d'un camp de concentration que celui d'une vigie. Son occupation parait, du reste, avoir été très passagère. Les poteries que l'on recueille sur son aire sont rares et appartiennent à l'industrie indigène ; on n'y trouve pas de vaisselle franchement romaine ni de tuiles à rebords ; nous n'y avons rencontré, en outre, que des dalles rectangulaires et des meules en basalte pour la trituration des grains et une obole marseillaise (argent) du Vie siècle, au type d'Apollon avec revers à la roue et les lettres MA.
A l'extérieur du camp on a recueilli à diverses époques des poignards coupant d'un seul côté et des fers de lance appartenant à des types barbares puisque Devoux, Achard et les auteurs de la Statistique les ont attribués aux teutons et aux Ambrons. Les abords du castellum voisin de Roquefavour ont aussi fourni des armes en fer semblables. (p.54)
(Source : Les antiquités de la vallée de l'Arc en Provence, Publications de la « Société d'Etudes Provençales », Edition d'Aix, 1907 / Henri de Gérin-Ricard, Abbé G. Arnaud d'Agnel, Editions Lafitte Reprints, Marseille, 1979)
Découvertes archéologiques (jusqu'à 1996)
Lieu-dit Les Fauconnières
En ce lieu un oppidum est installé sur le rebord du plateau d'Arbois et domine la plaine irriguée par le Vallat de Monsieur (alt. 177m). Ses côtés nord et est sont délimités par des à-pics. L'intérieur de l'habitat (superficie env. 4700m2), qui occupe un terrain pratiquement plat, a été largement entamé par les fouilleurs clandestins dont les « sondages » d'envergure sont encore visibles au moins dans 5 ou 6 secteurs. Aujourd'hui colmatés, ils ne laissent voir aucun mur mais leurs déblais livrent une quantité importante de tessons.
Fortification
Accès actuel par le côté nord-ouest. Après avoir longé un pan de rocher creusé d'une grotte peu profonde, on remonte sur le plateau dont le rebord a manifestement été régularisé pour asseoir un mur défensif. Un bloc de grès est d'ailleurs encore en place dans une anfractuosité du substrat calcaire. La végétation empêche d'observer les limites de cet aménagement. En arrière, légèrement au sud, un mur a été partiellement dégagé. Un autre gros bloc de grès appartient à son parement interne. (p. 328)
Derrière ce mur, une élévation du terrain, semblant constituée d'un tas de pierres, laisse envisager la présence d'une tour ou d'une structure massive. S'agit-il d'une entrée de l'habitat ? La fortification qui devait courir le long du côté sud a aujourd'hui disparu, démantelée par la mise en place de plusieurs restanques modernes. La pointe orientale du plateau demeurait en dehors du rempart : en effet, en retrait de celle-ci, un tronçon de mur bâti en gros blocs, perpendiculaire à la falaise nord, affleure à la suite d'une fouille clandestine assez étendue.
Mobilier et datation
Quelques monnaies avaient été découvertes dans les éboulis de pente et étudiées par L. Chabot. Parmi elles, deux oboles datées du Ier siècle av. J.-C.
Lors d'une prospection sélective qui n'a retenu que les tessons datants, les catégories suivantes ont été rencontrées : céramique modelée [20 fragments dont 5 bords (3 bords de jatte, un bord d'urne, un bord de coupe)] ; céramique à pâte claire massaliète ; campanienne A (un fragment) ; amphore massaliète (un fragment) ; céramique commune italique (un fra ; dolium (10 fragments) ; torchis (2 fragments) ; coquillage (1 fragment de moule).
L'absence de céramique modelée des ateliers de la région des Alpilles et le peu de campanienne A par rapport aux pâtes claires massaliètes pourraient indiquer une occupation au IIe siècle. Mais la présence des oboles semble devoir prolonger celle-ci au moins jusque dans le premier quart du Ier siècle av. J.-C.
(Source : Carte Archeologique de la Gaule, l'Etang-de-Berre, pré-invention archéologique publiée sous la responsabilité de Michel Provost, professeur d'histoire romaine à l'Université d'Avignon, diffusion : Fondation Maison des Sciences de l'Homme, Paris 1996)